LA SAINT-BARTHÉLEMY. UN EDITORIAL
DE JEAN-MARIE BOURQUENEY, directeur de Réforme.
Pour les protestants, l’année
2022 revêt une évidente importance mémorielle. C’est en effet le 450ème
anniversaire du massacre de la Saint-Barthélemy, qui débuta à Paris le 24 août
1572. L’Assemblée du désert en a fait son thème. Une commémoration est,
étymologiquement, une « mémoire » ensemble ».
Un des exemples les plus
spirituels en est le repas de la Pâque juive (Pessah), où celui qui préside le
repas le repas fait le récit de la sortie d’Egypte, que célèbre cette
fête. Il ne le fait pas juste comme si
c’était du passé, mais comme une vraie actualisation des événements
d’autrefois. Et il termine par les mots : « l’an prochain à
Jérusalem », c’est-à-dire dans une perspective. On retrouve cela avec la
célébration de la Cène chez les protestants ou de l’eucharistie chez les
catholiques, avec l’amnanèse
(étymologiquement « la mémoire qui traverse, se transmet »).
C’est une prière, dans la liturgie qui cherche à rendre présente la symbolique
du dernier repas du Christ, où celui-ci dit : « Faites ceci en
mémoire de moi ».
Mais il est vrai que, malgré
les efforts réitérés des responsables politiques de tout niveau, nos
« commémorations républicaines » ne parviennent pas toujours à cette
actualisation nécessaire. Quelles leçons en tirer ? Et si cela se passait
aujourd’hui ? Que ferions-nous ? Comment éviter que cela ne se
reproduise ? Le protestantisme n’échappe pas à ce risque de figer la
mémoire et de faire de notre identité un vaste rétroviseur.
La commémoration a donc deux objectifs :
le devoir de mémoire, avec la réalité des faits, et l’actualisation avec
l’interprétation des faits.
Nous devons tenir ces deux dimensions
ensemble. Sans la réalité des faits, l’histoire devient légende ; sans
interprétation, l’histoire devient une langue morte. Notre protestantisme est
héritier d’une histoire et inventeur d’un avenir.
Supplément
au journal Réforme du 1er septembre 2022
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